Les différents types d’emprunts linguistiques

Afin de poursuivre dans la foulée des questions soulevées dans notre précédent billet, questions portant sur les rapports entre normes et usages dans le domaine de la traduction, nous nous attarderons maintenant à distinguer les différents types d’emprunts linguistiques.

Distinguer les types d’emprunts nous amènera par la suite à réfléchir aux critères d’acceptabilité d’un emprunt fait en français. Par exemple, nous verrons que l’intégration d’un mot anglais à la langue française n’est pas du tout laissée au hasard, notamment par l’Office québécois de la langue française et ses différentes politiques linguistiques.

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L’emprunt lexical

C’est surtout à ce type d’emprunt que le traducteur sera le plus fréquemment confronté dans sa pratique puisque c’est dans le lexique d’une langue que les emprunts à d’autres langues, des langues dites prêteuses, sont les plus nombreux. On compte quatre types d’emprunts lexicaux :

  1. L’emprunt intégral est un emprunt de la forme ou du sens, et ce, sans adaptation à la langue emprunteuse ou avec une adaptation minimale (staff, lobby, shopping, etc.).
  1. L’emprunt hybride est un emprunt de sens, dont la forme est seulement en partie empruntée (dopage, focusser, coach de vie).
  1. Le faux emprunt a l’apparence d’un emprunt intégral, mais on ne trouve toutefois pas d’attestation de ce terme dans la soi-disant langue prêteuse. Autrement dit, il peut s’agir d’un terme utilisé en français et dont la forme semble tout droit issue de l’anglais, mais pour lequel on ne trouve aucune trace en anglais. Par exemple, tennisman est un mot créé en français et qui s’apparente à une forme anglaise alors qu’en anglais, on utilise plutôt tennis player.
  1. On distingue trois sous-catégories de calques. Le calque morphologique permet d’intégrer un sens étranger au moyen d’une forme souvent traduite de façon littérale (supermarché, issu de supermarket). Le calque sémantique donne un sens étranger à un mot qui existait déjà dans la langue emprunteuse (gradué, de l’anglais graduate, maintenant utilisé au sens de diplômé). Le calque phraséologique, quant à lui, intègre un sens étranger dans la langue emprunteuse par la traduction d’expressions ou de locutions figées (avoir les bleus/to have the blues, contre la montre/against the watch).

 

L’emprunt syntaxique

Cette catégorie réfère, comme son nom l’indique, à l’emprunt d’une structure syntaxique propre à une langue étrangère. On rencontre des calques de groupes verbaux, des calques portant sur le choix de la préposition (être sur l’avion plutôt que être dans l’avion) ou de la conjonction, des calques concernant l’ordre des mots (un court trois semaines au lieu de trois courtes semaines).

Le traducteur se doit d’être particulièrement attentif à ce type de calques, lui qui alterne constamment entre deux systèmes syntaxiques.

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L’emprunt phonétique

Nous ne nous intéresserons pas à ce type d’emprunts parce qu’au quotidien, le travail du traducteur porte essentiellement sur la langue écrite, mais soulignons, à titre d’exemple, la prononciation à l’anglaise de gym [djim] qui a cours en français.

L’acceptabilité d’un emprunt

Dans notre prochain billet, nous examinerons plus en détail les principes et les critères qui sont utilisés pour évaluer l’acceptabilité d’un emprunt. Ceci nous permettra d’aborder l’épineuse question de la terminologie associée à différents domaines et souvent indissociable des langues étrangères, notamment en raison de l’avènement de nouvelles technologies, de l’internationalisation des marchés, de l’interpénétration des cultures, etc.

Posted on mars 6, 2015 in Domaine de la traduction

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